samedi 16 mars 2013

Le Fleuve des dieux, Ian McDonald

Le Fleuve des dieux (titre original : River of Gods) est un roman de SF publié en 2004 et écrit par Ian McDonald, qui est très bien parti pour devenir un de mes auteurs favoris (et en plus, il est Irlandais : que demande le peuple ?).
Preuve de sa qualité, il a été finaliste du prix Hugo (celui qu'a reçu Le Cycle de Fondation d'Asimov, pour faire un lien avec un article précédent), a reçu le British Science Fiction Award et le Grand Prix de l'Imaginaire. La quatrième de couverture déclare aussi qu'il est considéré "outre-Manche et outre-Atlantique comme le roman de science-fiction le plus important des quinze dernières années", mais les éditeurs aiment bien raconter des tas de choses plus ou moins vérifiables sur leurs livres. On ne sait jamais, peut-être qu'un adorateur des Etats-Unis sera convaincu par cet argument.





Résumé officiel : "Tous les Hindous vous le diront, pour se débarrasser de ses péchés, il suffit de se laver dans les eaux du Gangâ, dans la cité de Vârânacî.
     Et, en cette année 2047, les péchés, ce n'est pas ce qui manque : un corps aux ovaires prélevés glisse doucement sur les eaux du fleuve ; des intelligences artificielles se rebellent et causent de tels dégâts qu'une unité de police a été spécialement créée pour les excommunier.     Gangâ, le fleuve des dieux, dont les eaux n'ont jamais été aussi basses, se rue vers un gouffre conceptuel, technologique, évolutionnaire — ou peut-être tout cela à la fois.     A travers le kaléidoscope de neuf destins interconnectés, Ian McDonald dresse le portrait d'une Inde future, mais aussi d'une Terre future, où tout n'est que vertige."

Pour étoffer un peu, décrivons les neuf personnages :
- M. Nanda, "flic Krishna" chargé d'excommunier (c'est-à-dire d'éliminer) les Intelligences Artificielles rebelles ou non déclarées
- Pârvati, sa femme, précieuse et bien traitée dans un pays où le ratio homme/femme est de quatre pour une, mais incomprise par son époux et par la bonne société de Vârânacî
- Shiv, un trafiquant violent qui se retrouve dans une mauvaise passe
- Shahîn Badhûr Khan, le conseiller de la Première Ministre du Bhârat (Etat issu d'une partition de l'Inde) dont les attirances amoureuses doivent rester cachées
- Nadja, une journalise suédo-afghane prête à tout pour dénicher le scoop qui fera d'elle une grande professionnelle
- Tal, travaillant sur le principal soap opera du pays, Town and Country, mais surtout "neutre", ni homme, ni femme, dans un pays où ce choix d'asexualité n'est pas très bien accepté
- Vishram, humoriste mais surtout troisième fils d'un magnat de l'énergie, qui se retrouve propulsé à la tête du département R&D
- Lisa Durnau, scientifique conviée à un stupéfiant voyage dans l'espace
- Thomas Lull, son ancien amant et scientifique de renom, vagabondant désormais à travers le Bhârat.

Vous n'avez pas tout retenu ? C'est normal. Le roman se découpe en parties dont chacune comprend des chapitres centrés sur les personnages, et le temps d'arriver à la partie suivante, vous avez tout loisir d'oublier qui sont Shiv ou Nadja. Les premières centaines de pages, à chaque début de chapitre, je revenais à la partie précédente pour me remettre en tête les personnages.

Tout ça pour dire que ce roman n'est pas de ceux qu'on peut lire en attendant le bus, abandonner quelques jours et reprendre. Il est extrêmement riche, autant dans le style que dans le scénario, et exigeant envers le lecteur. Le début est difficile, il faut du temps avant de se plonger pleinement dans l'univers, et la première partie peut être dure à dépasser.
Mais une fois que vous êtes dedans, c'est parti. Pour vous donner une idée, il y a eu une semaine entre le jour où j'ai commencé le livre et celui où je suis arrivée à la page 150, environ, puis deux jours jusqu'à la fin du livre (et c'était en semaine, avec les cours et devoirs). Alors suivez mon conseil et accrochez-vous : ce roman est addictif.
Passons rapidement sur l'un des points qui m'ont embêtée, à savoir la profusion de mots indiens. Un glossaire a été prévu à la fin du livre mais il ne recense pas tous les mots, donc à moins d'avoir de solides bases d'indien, vous risquez de vous demander ce que diable peut bien être un râja, sans parler des nombreuses références au panthéon hindou.
En revanche, on ne peut qu'admirer la crédibilité du contexte. Ian McDonald a beaucoup travaillé sur l'univers et ce Bhârat futuriste ne paraît pas improbable du tout. Les personnages sont aussi très crédibles, chacun avec son histoire, ses qualités, ses défauts. Mes préférés ont été Tal, le neutre, Lisa la scientifique et Shahîn, politicien musulman dans une société hindoue.

Au niveau du scénario... Il est complexe et long à se mettre en place. Je ne vois pas trop comment en parler sans spoiler, à vrai dire. Disons simplement qu'il touche aux IA, les intelligences artificielles, appelées dans le livre "aeais".

En fait, ce roman est tellement compliqué que faire un article dessus relève de la gageure. Tout ce que je peux en dire, c'est qu'il mérite les prix qu'il a reçus et que c'est une lecture à conseiller à tout le monde - y compris ceux qui n'apprécient pas spécialement la SF, car il n'a pas vraiment cette atmosphère qu'on retrouve dans le genre. Peut-être à cause de la proximité temporelle, 2047, ou bien du style de McDonald.

Pour conclure : lisez-le ! N'importe quelle bonne bibliothèque doit l'avoir.


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